La barque
L'incertitude au coeur, la barque passe.
Dévorée de contradictions,
muette de tous les mots étouffés,
je reste sur la rive, figée et interdite.
Ma vie s'éloigne, je ne suis plus là.
L'incertitude au coeur, la barque passe.
Dévorée de contradictions,
muette de tous les mots étouffés,
je reste sur la rive, figée et interdite.
Ma vie s'éloigne, je ne suis plus là.
Chambre froide de l'esprit, le doute qui ronge
dans les profondeurs du coeur.
Ne rien dire, dissimuler derrière un sourire
les mots amers les blessures quotidiennes,
Je ne sais plus qui je suis, pourquoi je vais
dans ce monde qui broie les fragiles,
si lointain, un songe de perfection.
Au jour qui vient c'est le chaos qui oeuvre,
qui trouble mon esprit, impose l'inconséquence,
dévoile en toute raison le non-sens premier,
et fait des lendemains blessés de transparence.
Au creux de mon silence je retrouve un lieu vide,
où chaque seconde s'écoule oublieuse de toi
restent les plaies vivantes qui se meuvent doucement
comme émergent du passé les blessures les soleils.
A jamais renoncer aux contours alanguis
d'une vie dont ton absence, téméraire Coré
me permettrait de croire à la suite de l'histoire,
au printemps revenu je serai encore là.
Toujours est un miroir au reflet chaviré
où se noie l'espérance, où la raison chancelle,
La fin augure tranquille un sinistre départ
alors qu'au devant s'étiole le chemin des années.
En douceur et sans faille s'ouvre le bleu du ciel,
Fragile au creux du temps la lumière me rappelle,
que les vents ont tourné, que la source est tarie,
qu'en silence se dérobe la mémoire des beaux jours.
Si c'est aux vies passées que la joie appartient
et s'il faut se résoudre, à l'aube pure j'irai
Tenter tous les futurs, prier pour qu'on entende
à l'heure où tout se rompt l'oracle qui se tait.
Quand s'enfuit sans fin le temps d'avant,
Quand les miroirs se troublent, plus rien à retenir
Quand au levant, au couchant, et dans la lumière crue
On voit doucement mourir celle qui a été
On peut entendre des cris d'oiseaux au loin
Le monde ne s'est pas arrêté.
Que faire de toi quand je n'ai plus rien à offrir?
Vois, mes mains sont vides, mes poches percées, mon coeur avide.
Je dors dehors avec les chiens, je mange en leur compagnie,
Et nous hurlons ensemble quand la beauté passe,
innocente et offerte aux belles âmes pour s'en saisir.
Voilà pour toi les yeux tristes dans lesquels tu aimes plonger,
ouverts sur des profondeurs insondables que ton sourire méprise.
Tout est vide et le vide est effrayant
qui dégouline sur moi de sa langue putride.
Noir noir noir et sans repos,
le froid me fige,
mon cerveau se dissout lentement.
Je ne suis plus personne.
Pourquoi conter les mondes intérieurs dévastés
à ceux qui ne connaissent que la plénitude de l'esprit, du corps.
Laissez moi seulement à mes étoiles éteintes,
danser avec le pire chaque seconde.
Ne plus rien vouloir, ne plus rien savoir,
Et pourtant j'ai besoin de joie.
Mon coeur un ruban abîmé,
en mon âme une femme aimée
danse à mes pas trébuchants
résiste quand je défaille.
Elle garde en elle ma pureté,
me la renvoie de toutes ses forces,
Et mon sourire est ombre
de son sourire.
Elle me regarde à peine
et je reçois sa bouche
comme on reçoit le Christ.
Arrachée pour moi
à l'adoration des autres,
Elle sourit,
Elle est là.
Un jour je partirai,
quand j'aurai tout donné,
quand rien ne te retiendra plus,
je comprendrai alors
ma douleur.
Ma douleur je la porte,
elle est là depuis des siècles,
elle se distille dans mes veines
tout le jour
et s'oublie auprès de toi.
Auprès de toi j'aimerais
être le chant serein de l'oiseau,
être la rivière qui se répand.
Simplement être celle qui vit,
libérée.